Le Royal Golfclub du Hainaut, à Erbisoeul

Faire évaluer la qualité du jeu tout au long de l’année afin de répondre aux exigences des joueurs

Source: GreenTechPower

Le Royal Golfclub du Hainaut est implanté à Erbisoeul, une entité de la commune de Jurbise, non loin de Mons. Grâce aux sols sablonneux, il est possible de jouer presque toute l’année sur le terrain et il n’est pas rare que des joueurs d’autres clubs viennent taper la balle en hiver. Le parcours doit donc être soigné en permanence dans les moindres détails. En vue de l’arrivée future de la réglementation zéro phytos, l’équipe d’entretien essaie de limiter tant que possible les doses de phytos. Nous avons eu un entretien très intéressant avec Xavier Denicourt, le greenkeeper incontournable et enthousiaste du club.

Le Royal Golfclub du Hainaut a vu le jour en 1933, lorsque 5 familles décident d’unir leurs efforts afin de construire un terrain de golf dans les environs de Mons. Les premiers 18 trous, qui s’appellent ‘La Bruyère’, ont été dessinés par un architecte de golf bien connu: Tom Simpson. Comme le parcours se situe sur un terrain sablonneux, il était possible de jouer presque toute l’année. Au cours de la seconde guerre mondiale, les Allemands vont réquisitionner le terrain pour en faire une prison, tandis que les greens feront office de terrain d’entraînement pour le lâcher de bombes. A la fin de la guerre, les Allemands prennent place derrière les barreaux en lieu et place des Alliés, et le terrain sera reconstruit petit à petit. En 1991, le parcours est complété par un second 9 trous, qui s’appelle ‘Les Etangs’. Ce parcours est plus sportif et permet donc d’attirer une clientèle quelque peu différente.

Les exigences des joueurs évoluent
Au cours des dernières années, le club a enregistré un regain d’intérêt pour ce sport, et à l’heure actuelle, le club compte pas moins de 920 membres. Il faut y ajouter pas mal de greenfees en provenance du nord de la France. Les joueurs peuvent opter pour une combinaison de 3 fois 3 boucles de 9 trous, en fonction de leur temps et de leurs envies. Xavier Denicourt poursuit: ‘auparavant, on venait uniquement jouer par beau temps. Ces dernières années par contre, nous avons remarqué que de plus en plus de membres viennent également jouer en période hivernale. Le sol sableux permet de jouer presque tous les jours, même si cela demande une approche adaptée de notre part, en ce qui concerne le drainage, par exemple. D’autre part, pouvoir jouer tout au long de l’année est un sérieux atout, qui attire de plus pas mal de nouveaux joueurs. A partir du printemps, lorsque l’herbe recommence à pousser, nous sommes en mesure de fournir une qualité de jeu supérieure, ce qui incite certains joueurs venus jouer pendant l’hiver à rester jouer chez nous au cours de la période estivale.’

Dans le métier depuis plus de 20 ans
Xavier Denicourt est un jeune quadragénaire, et cela fait déjà plus de 20 ans qu’il travaille pour le club. Après une formation horticole dans les environs de Lille, il rend visite à un terrain de golf dans le cadre d’un de ses stages et s’intéresse de plus près à ce sport. Il suit ensuite la formation de greenkeeper en France, et aura également l’occasion de suivre un stage dans un des clubs de golf parmi les plus réputés de l’Hexagone. Au golfclub du Hainaut, il débute en tant que saisonnier, avant de devenir ouvrier d’entretien, greenkeeper adjoint et finalement greenkeeper en chef. Xavier: ‘j’ai eu la chance d’arriver dans ce club lors de la grande période de croissance. J’ai ainsi suivi de près la plupart des grands chantiers, comme la mise en place du nouveau système d’arrosage par exemple, ce qui fait que j’ai une vue d’ensemble assez complète du terrain. Nous avons opté pour une qualité de jeu qui dépasse de loin les normes standard. La priorité première est le terrain. Comme le club est une asbl, il est par ailleurs plus facile d’investir au niveau du terrain et des machines afin de mener à bien nos exigences de qualité.’

Réduire tant que possible le recours aux phytos
Xavier poursuit: ‘nous avons travaillé sans consultant pendant de nombreuses années, mais dernièrement, nous avons choisi de faire appel au consultant Stéphane Rouen afin de nous aider à avancer dans le cadre du futur recours au zéro phytos. Concrètement, nous entendons déjà accumuler un maximum d’expérience avec cette technique et gagner ainsi du temps avant qu’elle ne devienne obligatoire. Avant, la couleur et la croissance du gazon étaient les seuls paramètres qui importaient, et à présent, les choses se compliquent davantage. A l’heure actuelle, les greens sont analysés en détail afin de dépister les carences et de limiter les maladies. Nous essayons de toujours utiliser la dose adéquate, tout en faisant attention de ne pas trop baisser les doses afin de ne pas créer des problèmes. Je recherche aussi constamment des produits innovants, qui donnent un meilleur résultat. Et c’est justement à ce niveau que l’approche de Stéphane Rouen nous est bénéfique. Il est lui-même greenkeeper, a déjà accumulé pas mal d’expérience en ce qui concerne le zéro phytos et a développé une stratégie globale, tant pour les engrais que pour les phytos, qui repose sur des méthodes américaines et écossaises. C’est une approche très particulière, mais qui porte ses fruits. Il connait de plus très bien les produits utilisés sur un terrain de golf, ce qui fait que nous n’avons besoin que d’un seul interlocuteur.’

Bien s’informer reste incontournable
Xavier souligne aussi qu’il est important d’être bien entouré et d’entretenir ses contacts: ‘en tant que greenkeeper, je suis obligé de passer un maximum de temps sur le terrain afin de pouvoir tout suivre de près. Je trouve donc qu’il est très important de bien se faire entourer par des experts qui voyagent et accumulent de l’expérience auprès de plusieurs clubs et dans des situations différentes. Ces personnes apportent souvent de nouvelles idées ou techniques, qui seront ensuite adaptées en fonction des spécificités locales. Pour moi, cela représente la manière idéale de continuer à améliorer la qualité du jeu sur notre parcours.’

Du personnel motivé et un atelier bien équipé
Une équipe de 8 personnes se charge de toutes les operations d’entretien du parcours et de ses abords. Xavier: ‘en principe, nous ne sous-traitons rien. Mais nous essayons de nous concentrer sur le parcours. Pour le moment, un nouveau parking est par exemple construit, et ce travail est confié à une société extérieure. Je voudrais également souligner que nous avons engagé une femme l’an dernier pour compléter notre équipe. Elle a suivi une formation spécifique au Forem Espaces Verts à Ath. Ces étudiants disposent des connaissances de base nécessaires et je trouve donc logique d’aller d’abord se renseigner chez eux avant d’engager du personnel. Nous disposons aussi d’un mécanicien à temps-plein, qui est responsable de l’entretien et des réparations de nos machines. Au début, il est nécessaire de construire un certain niveau de connaissances, mais par la suite, cela nous permet de disposer de machines toujours entretenues de manière optimale. En cas de panne, nous sommes de plus à mêmes d’intervenir plus rapidement.’

Le choix des machines et l’arrosage
Xavier a également une vision claire des choses en ce qui concerne les machines: ‘nous ne sommes pas liés à une marque. Lorsque nous achetons une tondeuse, nous faisons attention à la qualité de tonte, à la fiabilité, mais également à la longévité des machines. Nous n’investissons par exemple pas sur base d’un leasing ou autre, ce qui fait que certaines tondeuses ont pas moins de 25 ans et tournent encore parfaitement. D’autre part, nous investissons également chaque année dans de nouvelles machines. En ce qui concerne les tondeuses de greens et de fairways, nous choisissons les machines qui sont le mieux adaptées à nos exigences de qualité, tandis que pour d’autres machines, comme les transporteurs par exemple, nous accordons davantage d’attention au prix d’achat en fonction du nombre d’heures effectuées sur base annuelle. Nous travaillons principalement avec des machines Toro, et jusqu’à présent nous sommes satisfaits. De plus, notre mécanicien connait très bien ces machines, et cela nous permet de plus de mieux gérer notre stock de pièces. Pour les chauffeurs des machines, il est par ailleurs plus facile de rouler avec des machines aux commandes semblables. A l’avenir, il sera plus difficile de continuer à entretenir nous-mêmes les machines, car l’électronique est omniprésente sur les modèles récents. Le prix d’achat des machines est de plus assez élevé et les frais d’entretien peuvent aussi varier fortement. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de nous tromper lors d’un achat.’ ‘D’autre part, l’irrigation fait l’objet de pas mal d’attentions, car nous nous trouvons sur des sols sableux. Les greens sont alimentés en eau par une première série d’arroseurs, tandis que les bords de greens sont gérés par un deuxième circuit, ce qui permet d’apporter des quantités d’eau adaptées. Les fairways sont également arrosés. Dernièrement, nous avons investi dans trois capteurs qui collectent des données concernant les greens toutes les dix minutes, et à deux profondeurs différentes. Cela nous permet d’arroser suivant le principe du ‘just on time’ et à l’aide de quantités adaptées. Il ne sert en effet à rien de calculer au mieux les apports d’engrais ou encore d’accorder beaucoup d’attention à la hauteur et la qualité de coupe des greens si ensuite on ne suit pas de près les quantités d’eau apportées!’

L’importance de la vision du greenkeeper
Xavier Denicourt aime également souligner que le métier de greenkeeper ne se limite pas à suivre les opérations d’entretien: ‘en tant que greenkeeper, vous devez également être capable de rédiger un rapport complet sur la saison écoulée, d’évaluer les différentes tâches, de juger des investissements qu’il faudra consentir dans un avenir proche… en bref, de gérer avec le plus de précision possible tous les paramètres qui vont permettre de faire évoluer le parcours et de garantir la qualité du jeu. En saison, nous travaillons également ‘à la carte’, avec un entretien standard, esthétique ou extra en fonction des compétitions, par exemple. L’entretien standard est adapté à la demande de nos membres. Par contre, lors de certains événements, la balle ne peut par exemple pas rouler trop vite, afin que les commerciaux aient le temps de discuter avec les clients qu’ils ont invités sur le parcours. Il n’incombe pas aux clients à s’adapter au parcours, mais bien à nous d’adapter les caractéristiques de jeu en fonction des clients qui viennent jouer!’ ‘Enfin, je voudrais aussi souligner qu’au cours des dernières années, nous avons beaucoup travaillé afin de permettre à la bruyère, une plante typique des terrains sablonneux, de recoloniser les abords du terrain. Et je dois dire que cela commence à ressembler à quelque chose. Cela donne de plus un aspect typique et naturel au parcours, ce qui nous permet de nous différencier plus encore d’autres parcours!’