Le Golf- & Countryclub d’Oudenaarde

Le Golf- & Countryclub d’Oudenaarde

Source: GreenTechPower

Le bio rend plus fort …

Ce n’est pas un article concernant l’un ou l’autre produit naturel, mais l’impression qui nous est restée de notre visite au club de golf d’Oudenaarde, après que nous nous soyons entretenus avec les greenkeepers Jozef Verhoest et Lieven de Clercq, qui sont tous deux issus du monde agricole et qui sont donc particulièrement à l’aise dans le monde des espaces verts et des machines.

Les premiers plans de développement d’un club de golf datent de 1969, lorsque Lieven Santens, l’actuel président, lance l’idée d’ouvrir un golf à Petegem. C’est finalement en 1971 que le projet voit le jour, avec le rachat du café ‘Den Anker’ situé le long d’un méandre d’un bras de l’Escaut, avec pour but d’éventuellement y abriter le club-house.  L’entrepreneur et ses associés créent ensuite la société ‘Immobiliën Golf  & Countryclub Oudenaarde’, qui a pour but de gérer les biens immobiliers du futur club de golf. L’achat suivant, en 1974, concerne les terrains situés le long de l’ancien bras de l’Escaut. Au cours de la même année, un premier projet de bail pour le château et une partie du parc de ce denier, qui date de 1847, est rédigé par Alain de la Croix d’Ogimont. Un an plus tard, les 18 premiers trous sont construits le long d’un méandre fermé de l’Escaut. A Wortegem-Petegem, on parle en effet régulièrement de l’ancien Escaut, qui est fermé, et du nouvel Escaut.

En 1991, le terrain est passé de 18 à 27 trous, en partie dans le parc du château et en partie sur des terrains agricoles attenants qui avaient été rachetés. Le deuxième agrandissement s’est effectué sur des terrains agricoles se situant entre le parc du château et  ‘l’abbaye de Beaulieu’. Trois ans plus tard, le château de la famille de la Croix d’Ogimont est acheté, et les derniers 9 trous sur sable et tourbe ont été construits en 2006. A présent, le club dispose donc de deux parcours 18 trous, de deux putting greens, d’un practice, d’un chipping green et de 4 trous d’entraînement.

GreenTechPower s’est entretenu avec Jozef Verhoes, qui travaille depuis 1975 pour le golf d’Oudenaarde, et Lieven de Clercq qui y travaille depuis 2001. Ils sont tous les deux greenkeepers et gèrent une équipe de 9 collaborateurs. Jozef et Lieven sont tous deux devenus greenkeeper un peu par hasard. Dans les années ’70, Jozef était impliqué dans les travaux de terrassement pour le terrain de golf et a ainsi finalement commencé à travailler pour le club. De son côté, Lieven a également réalisé des travaux de terrassement au début des années 2000, avant de commencer à réaliser des aérations, tondre des fairways… Entretemps, il est responsable de l’achat et de l’entretien des machines. Jozef s’occupe quant à lui principalement des espaces verts, de la fertilisation et de l’entretien général du terrain.

Le bio rend plus fort.

Nous comprenons entre les lignes que Jozef Verhoest opte tant que possible pour le bio. Voici son explication.

Jozef: ‘Nous recourons à présent à des bio-adjuvants pour l’entretien du terrain, et nous remarquons que la pression des maladies baisse clairement. Ces adjuvants rendent les plantes indirectement plus résistantes, ce qui a également des conséquences au niveau financier. On peut comparer cette méthode à l’absorption préventive de vitamines, ce qui permet d’éviter de tomber malade, et de devoir prendre alors des médicaments. Les vitamines renforcent la résistance et travaillent préventivement. Les médicaments l’affaiblissent encore plus. Un autre aspect bio est le chauffage du château. Il fonctionne avec des copeaux de bois que nous récupérons tant que possible du bois broyé issu de la gestion de nos espaces boisés.’

Sursemer les greens pour les renouveler.

Auparavant, le topdressing des greens était principalement réalisé à l’aide de sable sec et tamisé. Cependant, les grains ronds diminuent la stabilité des greens et favorisent une croissance irrégulière des racines. A présent, et pour un sablage conséquent, nous recourons à un mélange de lave tamisée 0/2 et de sable blanc, ce qui permet d’obtenir des greens plus stables et homogènes. Ces derniers sont de plus moins sensibles à la sécheresse. La lave finement tamisée permet de retenir plus longtemps l’eau, avant de la libérer lorsque les racines en ont besoin.

Lieven: ‘depuis 4 ans, nous avons mis un programme en place pour les greens. Lors de la saison de croissance, nous resemons une fois par mois. Cela revient à resemer 4 ou 5 fois par an. Nous constatons que cela se traduit par un effet très positif, car cela permet d’endiguer la croissance du pâturin annuel. De plus, les greens sont mieux enracinés, et la présence moindre du pâturin freine moins la vitesse de la balle. A présent, on aère d’abord avant de semer, ce qui permet de libérer davantage d’espace pour les semences dans le sol. Cela se traduit par une meilleure germination. Après l’aération, nous épandons du sable blanc et ensuite nous réalisons le sur-semis.’

GreenTechPower:

Le resemis des greens les plus anciens se fait via un programme qui a été mis sur pied il y a 4 ans. Quand aurez vous mené cette opération à bien?

Jozef: ’sans doute jamais, car même les greens que nous avons aménagé récemment devront à terme être resemés, parce que le pâturin annuel s’installe peu à peu. Il faut pouvoir continuer à renouveler un green pour le maintenir en bonne santé.’

La scarification et le top-dressing.

En principe, nous scarifions plusieurs fois par semaine. Suite à l’occupation importante des terrains, nous avons à présent investi dans un double système. De cette façon, nous arrivons à travailler 40 greens au cours d’une même journée, en les scarifiant de plus dans deux sens et en les tondant à l’aide de groomers. Pour le top-dressing, nous disposons d’une machine parfaite, qui autorise un schéma d’épandage très homogène. Ensuite, nous passons avec un tapis d’une largeur de 5 mètres, ce qui permet de répartir le sable de façon très fine et homogène sur les greens qui viennent d’être scarifiés. De ce fait, la densité du gazon est meilleure, tandis que la vitesse des greens augmente également. Enfin, nous avons investi dans un système de sablage qui permet de travailler à très faibles doses et qui interfère le moins possible sur la qualité du jeu. Cela se traduit aussi par une moindre usure des éléments de tonte. C’est en effet en tondant après un sablage que les machines s’usent le plus.’

Les greens d’été et d’hiver.

Le Golf et Countryclub d’Oudenaarde dispose de beaux greens au printemps, et qui n’ont presque pas souffert en hiver. C’est dû au fait que les greens d’été sont mis au repos en hiver. A partir de la mi-novembre, et au plus tard jusqu’à la première semaine de mars, le jeu n’est autorisé que sur les greens d’hiver. En termes d’entretien, cela exige bien entendu des efforts et des heures de main d’oeuvre supplémentaires, mais le jeu en vaut la chandelle. De plus, les greens d’hiver peuvent faire office de réserve en été, par exemple lorsque la maintenance doit être effectuée sur un green d’été ou lorsqu’un tournoi doit être joué. ‘Tout le monde a besoin d’une semaine de congé de temps à autre,’ souligne Jozef, en faisant allusion aux greens d’hiver.

L’arrosage.

GreenTechPower: Vous parlez d’un arrosage minimum combiné à l’utilisation d’un agent mouillant?

Jozef: ‘Le but de ce produit bio est de descendre la tension superficielle du gazon et du sol. De cette façon, on augmente la capacité d’absorption en eau. C’est une sorte ‘d’attendrisseur’ que l’on peut comparer à une éponge dure qui a déjà été un peu humidifiée, et qui va donc mieux absorber l’eau. Cet agent mouillant a également une action intéressante contre les maladies et le gazon stresse moins suite à la sécheresse. La rétention en eau est bien meilleure, ce qui fait que les champignons rencontrent davantage de difficultés à se développer et à se fixer. C’est surtout sur les premiers greens qui ont été aménagés, et où nous travaillons encore avec de vieux arroseurs, que l’arrosage se fait encore trop en dehors des greens. Comme la terre autour des greens a une moindre capacité de percolation que le green en lui-même, on peut enregistrer des dégâts pour les machines et les joueurs si on arrose de trop. Cet arrosage minimal s’effectue automatiquement, et lorsque c’est nécessaire, nous le complétons par un arrosage manuel.’

Tondre les fairways à l’aide d’un tracteur et de tondeuses cylindriques tractées.

Lieven: ‘il y a beaucoup de chances que nous soyons le dernier club de golf qui tond encore avec une combinaison de tondeuses cylindriques tractées, mais cela nous donne entièrement satisfaction. En termes de maintenance, ces tondeuses ne doivent être affûtées que tous les deux ans. Pour le reste, nous ne devons rien faire. Le résultat de tonte est excellent. Le seul désavantage est de laisser de temps à autre un petit paquet d’herbe tondue sur le terrain lorsque l’on commence à tondre tôt le matin, en présence de beaucoup de rosée. Comme le cylindre est entraîné par les roues, il ne tourne que lorsque la machine avance. Sur une tondeuse cylindrique moderne par contre, les cylindres tournent à un régime élevé, ce qui fait que la rosée est soufflée avant que la tonte ne soit à proprement parler effectuée.’

Se tourner vers l’hybride.

Le club de golf d’Oudenaarde se tourne tout doucement vers les tondeuses à entraînement hybride électrique. ‘En conditions identiques, la consommation est inférieure de 2/3 par rapport à une version diesel comparable, travaillant sur une même largeur et entraînant un moteur hydraulique,’ souligne Lieven. De plus, les cylindres à entraînement électrique suppriment le risque de pertes d’huile. Le désavantage c’est qu’il faut prendre bien soin des contacts électriques, en les enduisant régulièrement d’un produit anti-humidité. Nettoyer la machine uniquement à l’air comprimé est un beau conseil, mais dans la pratique, il n’est pas possible d’enlever toutes les saletés  uniquement avec de l’air comprimé. Un autre avantage de ces tondeuses hybrides est le niveau sonore beaucoup moins élevé, tant pour nos collaborateurs que pour les voisins et les joueurs.

Travailler en main propre ou avec des sous-traitants?

Lieven: ‘nous ne pouvons pas tout mener à bien. Nos collaborateurs, qui forment une excellente équipe, doivent se concentrer en priorité sur la tonte et le suivi des éventuelles maladies ou d’autres problèmes. C’est pourquoi certains travaux, comme l’aménagement d’un nouveau bunker et d’une nouvelle cloison lors de notre visite, sont confiés à des sous-traitants.