Le club de golf d’Andenne: Une véritable entreprise familiale

Source: GreenTechPower

On entend souvent dire que le golf est un sport élitiste, que l’étiquette règle tout et qu’il ne reste pas beaucoup de place pour les gens voulant juste pratiquer leur sport préféré. Rien n’est moins vrai sur le terrain de golf de la famille Jadin. Jo et son fils Pierre misent sur la rusticité et l’authenticité. Ce parcours de 9 trous a vu le jour en 2000 et a directement réussi à se faire une place à côté des clubs de plus grande taille. Nous avons rencontré Pierre Jadin par une matinée pluvieuse du mois d’octobre.

Ce club de golf a été fondé et est encore toujours géré par la famille Jadin. Nous avons rencontré Pierre, le fils, qui après une expérience professionnelle dans le monde des banques et des assurances a décidé de rejoindre l’entreprise familiale il y a maintenant cinq ans. Pierre poursuit: ‘nous sommes un petit club et notre but premier est de satisfaire nos membres, bien loin de l’image parfois élitiste de ce sport. Nos membres sont des gens normaux qui viennent pratiquer leur sport préféré dans une ambiance détendue. A l’heure actuelle, le club est toujours géré par la famille. Mon père est agronome de formation et sait donc ce qui se passe dans le sol, les opérations à effectuer, le fonctionnement des matières actives… tandis que ma mère s’occupe de tout ce qui concerne le club-house, mais également les joueurs, les compétitions ou encore la cuisine. De mon côté, je suis responsable de l’entretien du terrain, ainsi que de la formation des joueurs. En fait, il n’y a pas de patrons, mais nous veillons tous à ce que le club tourne et que les joueurs soient satisfaits.’

La création du club
Pierre poursuit son histoire: ‘mon père a déménagé au Congo lorsqu’il avait 20 ans. Il y donnait cours dans une école technique agricole et était également impliqué dans le développement de jardins potagers dans les environs afin  que la population locale puisse y cultiver elle-même des légumes. En plus de cette activité, il avait également fondé une entreprise de jardins spécialisée dans la création de parcs et jardins, tant pour des clients privés qu’industriels. Après son retour en Belgique, il a continué à travailler pour la Région wallonne, tout en continuant à réfléchir à la possibilité de développer son propre projet. Il était alors déjà propriétaire des bâtiments actuels et décida naturellement de se lancer dans un projet agricole, et plus particulièrement avec des moutons de race Suffolk réputés tant pour leur laine que pour leur viande. Un peu plus tard, les Anglais sont entrés dans l’Europe, leur permettant ainsi d’exporter leur viande ovine dans notre pays, et le projet familial est abandonné. Un peu plus tard, mon père rencontre un ami qui joue au golf et c’est ainsi qu’est née l’idée de créer un golf familial. Au début, nous ne disposions que d’un practice, mais nous avons ensuite petit à petit construit un terrain de 9 trous sur une superficie de 15 ha.’

Un club ouvert à tout le monde
Comme Pierre Jadin le souligne, le club de golf d’Andenne est ouvert à tout le monde. Il poursuit: ‘nous jouons clairement la carte des prix démocratiques et nous avons pour but de proposer aux membres de jouer au golf sans plus. Je pense que nous faisons partie des clubs de golf les plus abordables en Belgique. Nos membres viennent d’un peu partout, mais en toute logique aussi principalement de la région d’Andenne.’

L’entretien journalier
Pour l’entretien journalier du terrain, Pierre Jadin est secondé par son neveu Antoine, qui suit une formation horticole à Namur et fait son stage dans le club. Pierre: ‘cela fait à présent deux ans qu’il nous aide régulièrement et c’est un grand avantage pour nous. Pour le reste, nous essayons de faire un maximum de choses nous-mêmes, car nous sommes présents et que nous connaissons le terrain sur le bout des doigts. Nous avons également aménagé beaucoup de choses en main propre sur le terrain. Le parcours a été dessiné par Claude Bertier et il nous a donné de nombreux conseils. Lors de l’aménagement du terrain, il n’a pas été évident de transformer les anciennes prairies en greens. Nous avons d’abord été contraints de retirer de nombreuses pierres et nous avons ensuite amélioré petit à petit le terrain. En ce qui concerne l’entretien journalier, nous essayons de garder le contrôle de tout. Comme nous ne disposons que d’un terrain de 9 trous, certaines machines ne sont pas rentables pour le club. Dans ce cas, nous faisons appel à un sous-traitant. Il reste cependant assez difficile de trouver des entrepreneurs de jardin compétents et qui disposent des connaissances nécessaires pour travailler sur un terrain de golf.’

Réfléchir autrement les investissements
Comme nous l’avons déjà souligné, Pierre a rejoint l’entreprise familiale il y a cinq ans. Pierre: ‘j’ai grandi ici et après mes études j’ai d’abord travaillé à l’extérieur. J’en garde de bons souvenirs, mais petit à petit, je ressentais de plus en plus le besoin de revenir ici et de m’atteler à la poursuite de ce beau projet. J’aimerais bien améliorer encore le résultat, mais également attirer de nouveaux membres. Je pense que nous devons investir prudemment et savoir ce que nous faisons afin de ne pas nous mettre inutilement la pression. Comme nous investissons en fonds propres, cela augmente la confiance, mais cela nous fait également réfléchir à deux fois avant de décider d’acheter par exemple une nouvelle machine. Bien entendu, nous disposons des tondeuses nécessaires et d’une sableuse, mais pour d’autres opérations comme l’aération ou le sursemis, nous faisons appel à des sous-traitants. Cela nous demande davantage de flexibilité, mais également beaucoup de connaissance, car il ne s’agit pas uniquement de libérer un budget, mais bien de s’assurer que le terrain reste en parfait état.’

La gestion du gazon
En ce qui concerne le gazon, Pierre essaie de limiter tant les apports d’engrais que le recours aux phytos. Il poursuit: ‘comme mon père a bénéficié d’une formation agricole, il maîtrise très bien les bases, et il connait aussi bien les produits. De mon côté, j’essaie de rester au goût du jour via les visites régulières des technico-commerciaux des fournisseurs de semences, engrais ou phytos, je me renseigne souvent sur internet et j’essaie aussi de suivre de temps à autre une réunion de la GAB. En ce qui concerne les engrais, on essaie de réduire tant que possible les doses. A partir de la fin août, nous essayons par exemple de ne plus apporter d’azote an de préparer la lutte contre la fusariose en hiver. D’une manière générale, une réduction des doses d’engrais permet de limiter de nombreuses maladies. Au niveau des phytos, nous n’avons en fait pas besoin de grand-chose. Je trouve juste dommage que ces produits ne pourront plus être utilisés sur un terrain de golf, alors qu’ils restent autorisés dans le secteur agricole. Il y a quelques années, nous avons décidé de laisser la nature reprendre ses droits sur le terrain. Parfois, les greens laissent une impression visuelle moins parfaite, mais la qualité du jeu n’est pas affectée et cette approche nous permet de réduire notre empreinte écologique.’ Pierre conclut: ‘nous avons connu une bonne année. En ce qui concerne l’avenir, nous entendons continuer à travailler dans un cadre familial, mais nous voulons aussi continuer à améliorer la qualité du terrain, de même que l’aspect ‘confort’ pour les membres. Je remarque que de plus en plus de joueurs sont attirés par un parcours 9 trous, et qu’ils sont aussi intéressés par l’authenticité et la rusticité, deux aspects que nous voulons continuer à défendre.’ ■