Source: GreenTechPower

Avec 9 trous, ‘Le Lilse’ est un nom familier en Campine depuis 35 ans. Nous avons eu une conversation avec la propriétaire actuelle Nienke Vink et le greenkeeper Michael Goossens. La visite a également été l’occasion de voir la tondeuse robotisée équipée par un système GPS RTK à l’œuvre sur les fairways et d’entendre les avantages et les inconvénients de cette machine directement de l’utilisateur.

Nienke Vink était propriétaire de ‘De Lilse’ depuis juillet 2007 avec son ex-partenaire et quelques années plus tard, elle a repris l’entièreté de l’entreprise. Qu’il s’agisse de l’exploitation du terrain de golf, de l’entretien, de la restauration… Les chiffres de ces dernières années indiquent qu’elle a l’affaire bien en main. Le nombre de membres augmente fortement et la qualité du site suit dans la même mesure. Le greenkeeper Michael est le bras droit de Nienke depuis des années et raconte sa version de l’histoire.

La création
Nienke Vink: ‘Il y a 35 ans, c’était une pépinière ici et le propriétaire Jozef Verhaegen, voulait juste faire un terrain de golf pour ses amis en 1987.
L’architecte du Lilse Golf s’appelle par ailleurs J. Verhaegen. Après quelques années, il a remis le golf à la famille Sauter. Ils ont exploité le terrain de golf pendant environ 16 ans puis, j’ai repris la relève avec mon ex-mari. Cette année, le Lilse existe depuis 35 ans et je commence ma 15e année ici. A l’époque, j’ai commencé avec mon ex-mari et depuis 6 ans je m’en occupe toute seule. Au début, j’étais responsable de la gestion des membres et des activités, du magasin, de l’horeca… Depuis 6 ans, l’entretien du site est venu s’y ajouter.’

GTP: ‘Comment vous est venue l’idée de gérer un terrain de golf?’
Nienke: ‘J’étais active dans la dentisterie, mon ex-mari était un professionnel du golf et enseignait ici à l’époque. Son patron – l’ancien propriétaire – a annoncé qu’il voulait arrêter et nous avons donc repris l’entreprise après quelques détours. Je n’avais aucune expérience dans le domaine, je ne jouais même pas au golf. Et je vous assure que nous avions les mains pleines: exploiter le terrain, gérer les membres, s’occuper de l’horeca… en même temps.’

GTP: ‘D’où tirez-vous vos informations et vos connaissances?’
Nienke: ‘Je dois dire que Golf Vlaanderen nous aide bien dans ce domaine. Ils offrent beaucoup de formations. A intervalles réguliers, nous nous réunissons avec les autres clubs de golf et c’est quelque chose qui me permet de bien avancer. Le golf est un tout petit monde; tout le monde connaît tout le monde et nous sommes des collègues. Nous échangeons également facilement des informations et des expériences les uns avec les autres. Piet Vandenbussche, par exemple, organise depuis plusieurs années un échange entre les gestionnaires de terrains de golf belges et néerlandais puis, nous jouons une année en Belgique, l’autre aux Pays-Bas. Ensuite nous jouons d’abord 18 trous de golf, puis nous mangeons et discutons les uns avec les autres, ce qui permet de compléter notre carnet d’adresses. Ce sont des moments idéaux pour recueillir des informations.’

Investir au niveau du terrain
Nienke: ‘Il y a 6 ans, j’ai consciemment choisi d’investir au niveau du terrain. Lorsque je suis également devenue responsable du terrain à l’époque, j’ai commencé une formation de greenkeeper avec notre greenkeeper Michael. Si vous devez diriger des gens, il est important que vous sachiez de quoi il s’agit. Je pense qu’il est très important qu’un gestionnaire s’y connaisse un minimum en greenkeeping, également en ce qui concerne l’achat de machines et de matériel pour le terrain. Les gens viennent ici pour jouer et le terrain doit être en parfait état. Cela rend les joueurs heureux et amène indirectement de nouveaux membres. Comme le club a connu une forte croissance ces dernières années, nous avons pu réaliser ces investissements. Par exemple, nous avons pu recruter un deuxième greenkeeper l’année dernière, ce qui nous permet de consacrer encore plus d’attention au terrain, en particulier pour les choses que nous avions délaissées au début, par manque de temps.’

Une forte augmentation du nombre de membres permet d’investir davantage
Nienke poursuit: ‘Avec la crise sanitaire de mars 2020, les terrains de golf ont également dû fermer. Lors de la reprise en mai 2020, le golf est devenu le premier sport à être de nouveau autorisé. Cela a incité de nombreuses personnes à commencer à jouer au golf. En tant que parcours de 9 trous, nous attirons beaucoup de débutants. Nous offrons le forfait de démarrage au golf depuis plus de 9 ans et cela a donné lieu à près de 100 partants par année. En 2021, nous avons pu en attirer 250 et l’année précédente 200. Donc 450 personnes que nous avons initiées au golf au cours des 2 dernières années. Beaucoup de ces titulaires ont continué à passer ici ou dans d’autres clubs par la suite. Vous avez des écoles de golf avec principalement un practice dont les starters vont ensuite jouer sur un 9 trous; ou des starters qui évoluent de 9 à 18. Et parfois, le mouvement inverse se produit: les personnes âgées passent de 18 à 9 trous. Notre club a toujours été un club familial, y compris avec mes prédécesseurs. Quand je suis arrivé ici pour la première fois il y a 15 ans, j’avais le sentiment d’être à la maison. Et c’est encore toujours le cas. Même si nous avons connu une forte croissance, les gens se disent encore bonjour, comme auparavant.’

GreenTechPower: ‘Où trouvez-vous de nouveaux membres?’
Nienke: ‘Nous n’avons pas fait de publicité, c’est tout simplement le bouche-à-oreille. Nous voyons que des amis ou des membres de la famille de nos membres actuels s’inscrivent régulièrement.’

GTP: ‘Le terrain est-il en mesure de suivre cette croissance?’
Nienke: ‘Pour l’instant, oui. Depuis 2 ans, nous avons des heures de départ que le gouvernement nous a imposées. On remarque qu’il y a encore de la place entre ces dernières. Tous ceux qui veulent jouer peuvent venir jouer tous les jours. Cette année, Soudal Open a réussi à amener l’European Tour en Belgique à Rinkven et c’est aussi bon pour le golf. Cela attire l’attention des médias et c’est ainsi que les gens s’intéressent au golf.’

Le greenkeeper Michael Goossens
‘D’après ce que nous pouvons voir ici, la crise sanitaire a donné un coup de pouce au monde du golf. Nous sommes passés de 350 à 600 membres en 2 ans. Cela donne au club plus de ressources et de possibilités (meilleures machines, meilleur entretien, meilleurs engrais…), ce que nous apprécions également en tant que greenkeeper et que nous pouvons rendre sous la forme d’un terrain de jeu plus beau.’
‘Je remarque que beaucoup de gens ont commencé à jouer au golf, et je ne m’attendais pas à cela de la part de certaines personnes. Pour nous, il a également fallu s’y habituer; nous sommes passés d’un terrain qui comptait quelques joueurs par heure à une occupation quasi permanente, ce qui ce qui implique une autre façon de travailler. ‘différente de travailler.’
‘Par exemple, nous devons terminer tous les travaux lourds avant 11 heures. Il y a deux ans, nous avons commencé avec les tondeuses robotisées sur les fairways, mon collègue Tom nous a rejoints pour 20 heures. Nous pouvons maintenant tout faire décemment, de manière plus structurée. Avant, j’avais souvent l’impression de me battre contre la montre. Auparavant, les greens étaient uniquement tondus avec des machines à 3 éléments. Nous essayons désormais de tondre à la main autant que possible; cela se traduit aussi par une meilleure qualité des greens.’
‘J’ai entamé ma 14e année de travail ce mois-ci. Et quand je vois l’évolution que nous avons connue dans le club ces dernières années – avant même la crise sanitaire – je ne peux qu’être satisfait. Depuis que la propriétaire Nienke a repris les commandes, elle réinvestit chaque euro gagné dans le club.’
‘J’ai travaillé seul pendant 13 ans jusqu’à l’année dernière. De temps en temps, quelqu’un venait donner un coup de main, mais pendant l’année, j’étais seul. Ensuite, il n’y avait pas de robots. Tondre les fairways trois fois par semaine à raison de 7 heures par tonte, vous savez compter? Si vous faites maintenant un planning avec un schéma pour les fertilisations et ainsi de suite, alors vous êtes facilement à 100 heures de travail par semaine. Vous vous en tenez également à votre plan de fertilisation. Et nous avons un sol sablonneux, donc j’étais heureux que nous ayons eu un été humide en 2021 qui a permis un bon enracinnement du gazon. Les membres voient aussi l’évolution.
Les gens qui venaient ici de temps en temps remarquent la grande différence. Nous confions notre mécanisation à VDB Technics; leur façon rapide de répondre correspond bien à ce dont nous avons besoin. Chaque problème est solutionné de manière professionnelle.’

GTP: ‘Comment avez-vous décidé d’investir dans des robots de tonte?’
Michael: ‘Plus vous voulez un terrain de qualité, plus vous avez d’heures de travail à investir. Vous ne pouvez pas sortir de cela. Les tondeuses robotisées sont venues en premier et surtout pour me soulager. Pendant ce temps, le nombre de membres a augmenté et la proposition est venue d’embaucher quelqu’un pour 20 heures supplémentaires. Ainsi, nous avons pu améliorer régulièrement la qualité du terrain. Sans que j’en sois très conscient, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée n’existait plus. Mais avec la perspicacité de Nienke, les 4 robots de tonte depuis juin 2019 et une personne supplémentaire, nous avons été en mesure de rééquilibrer cela. Le budget dont je dispose pour le greenkeeping n’a plus rien à voir avec celui dont je disposais il y a 5 ans.’

GTP: ‘Quelle est la force de votre club?’
Michael: ‘Nous sommes très accessibles. Tout le monde parle à tout le monde ici et chaque passant peut également aller manger au restaurant. Les gens trouvent régulièrement le chemin du golf de cette façon. Nienke nous implique en tant que greenkeeper dans tout et cela signifie que nous ne formons qu’une seule équipe.’

GTP: ‘Où allez-vous puiser vos connaissances?’
Michael: ‘Nous avons un conseiller pour le terrain, Kris Van Ingelgem d’AGS, qui a suivi la formation de greenkeeper écossais et s’est luimême attaqué à beaucoup de choses dans la pratique. Entretemps, j’ai beaucoup appris de lui et il est un excellent conseil. Il travaille très fort sur les engrais, les plans de fertilisation, et il teste constamment. Sa curiosité et son expérience profitent à notre terrain. Il nous conseille au niveau du plan annuel de greenkeeping. Il vient ici lui-même pour prélever les échantillons de sol qu’il va examiner. Nous planifions ensuite les grands travaux ensemble. Parfois je le suis et parfois je fais à ma tête. Il est également un conseiller qui n’est pas lié. Les plans qu’il fait, soit dit en passant, ne sont pas une copie de quoi que ce soit d’autre, mais attribués à notre terrain. Il respecte également la période hivernale pour la pelouse. Une pelouse ne doit pas avoir l’air vert foncé en hiver. Cela permet d’économiser beaucoup en termes de maladies.’

Le Lilse golfclub tond à l’aide de 4 robots
Michael: ‘Dans des circonstances normales, 4 robots de tonte tondent au hasard – donc sans RTK. Chaque tondeuse a sa propre station de charge. Au total, ceux-ci tondent un bon 6 ha. C’est théoriquement 1,5 ha/tondeuse. A l’avenir, nous voulons passer au système GPS RTK pour toutes les tondeuses, et non pas avec l’intention de travailler avec moins de tondeuses, mais de ne plus fonctionner 24h/24. Ensuite, les fairways peuvent rester libres pendant la journée, par exemple. En théorie, cela pourrait être fait avec une tondeuse RTK. Mais vous avez des endroits où la tondeuse perd du temps, comme autour des arbres, aux passages d’une parcelle à l’autre, des obstacles…
‘Au cours de l’été 2021, beaucoup de pluie est tombée, nous avions également appliqué des engrais et le gazon poussait très bien. Ensuite, les tondeuses ont roulé 24 heures sur 24. Si les robots sont tous en mesure de travailler avec le signal RTK, alors il est possible de limiter cela. On peut gagner jusqu’à un tiers du temps d’après mon expérience.
Vous roulez avec un chevauchement de 10 cm et la tondeuse s’use moins vite car elle perd moins de temps pour tondre la même surface.
Le fil périmétrique est toujours là, ce qui est également une obligation légale, mais vous pouvez régler la tondeuse encore plus en détail et tondre plus facilement autour des obstacles. Le fil est toujours actif et donne une sécurité supplémentaire; surtout parce que nous devons prendre en compte les caractéristiques de l’eau et les racines des arbres.
Si le fil devait tomber, vous avez toujours le gps de précision dans votre robot. En cas de défaillance, la tondeuse s’arrête immédiatement.
Vous recevrez une notification indiquant que la connexion a disparu.
Un avantage du fil est que si vous avez un problème avec le récepteur gps, vous pouvez toujours tondre au hasard. Détecter une rupture de câble est tout à fait faisable dans des conditions sèches, si le temps est humide, c’est une autre paire de manches. Les avantages résident dans la combinaison du fil de délimitation et du RTK.’ Chaque robot reçoit une surface de tonte définie. Les tondeuses sont connectées à leur station de charge et leur terrain est encodé dans l’application. Le terrain est de plus délimité par un fil.
Michael: ‘J’ai remarqué l’avantage pendant les jours de pluie. Avant, j’avais besoin d’une tondeuse aléatoire (sans gps) 24 heures sur 24, et s’il pleuvait pendant quelques jours, il fallait l’épauler en tondant une partie nous-mêmes. A présent, et grâce au RTK, ce fairway sera tondu 3 fois en 24 heures.’

Yves Van Den Bossche de VDB-Technics, le fournisseur des tondeuses:
‘Toutes les machines existantes de la ligne connectée de Belrobotics peuvent être équipées du RTK-gps. Ce sont des machines qui ont été vendues après septembre 2018. Une nouvelle tondeuse RTK coûte 25.000 euros, tout compris et elle permet de tondre 6 hectares. La tondeuse RTK du Lilse Golfclub fonctionne en 4G, ce qui assure une connexion stable, même sous les arbres et dans des conditions plus difficiles. Nous avons l’habitude d’envoyer un signal radio, une ligne droite. Tout ce qui interrompt cette ligne interfère avec le signal. Avec la 4G, la station de base et le robot communiquent constamment entre eux. Par ailleurs, je dis toujours aux gestionnaires de terrains: ne vous débarrassez jamais des machines traditionnelles. Les machines contrôlées par gps permettront d’économiser quelques heures de travail, mais le but ultime n’est pas de remplacer les personnes, mais d’améliorer l’état général du terrain. Prenons un exemple : traditionnellement, les fairways sont tondus 2 à 3 fois par semaine.
Avec les robots, vous pouvez réduire cela à 1 tonte juste avant un weekend ou une compétition. Vous placez ensuite votre tondeuse 1 mm plus bas que le robot afin de pouvoir tondre rapidement, avec effet spécial, et sans déchets de tonte sur vos fairways, donc un terrain parfait le week-end ou juste avant une compétition. Les 80 ou 90% du temps que vous gagnez en tondant devraient être utilisés pour améliorer d’autres choses au sein de votre club.