Une stratégie d’entretien adaptée se façonne au quotidien (Marc Thibaut)

Source: Keep it Green

Communiquer pour mieux intervenir

Entretenir un parcours de golf n’est pas une mince affaire. La profession de greenkeeper a évolué pour faire face, entre autres, aux défis climatiques, aux exigences techniques, aux impératifs du zéro phyto. Marc Thiebaut, responsable golf chez Devillers mais également ancien président de l’association des Greenkeepers belges, apporte son témoignage.

Marc Thiebaut a suivi une formation de greenkeeper en France. Après avoir travaillé sur plusieurs parcours différents, il rejoint le Golf d’Hulencourt en 1996. Depuis 2022, il est responsable du département golf au sein de l’entreprise Devillers, expert en création et entretien de pelouses et de gazon. Et l’une des évolutions les plus marquantes de ces dernières années est la problématique de la gestion de l’eau, estime-t-il. Marc Thiebaut : « Avec l’apparition récurrente d’année en année de périodes prolongées de canicule, il est impératif d’appréhender la gestion de l’eau d’une autre manière. Les restrictions d’arrosage ne sont plus à exclure. En outre, il convient de s’orienter vers l’utilisation de variétés de gazon plus résistantes à la sécheresse mais aussi aux maladies, de réfléchir au stockage de l’eau. La volonté de stimuler davantage la biodiversité est importante mais pas sans conséquences. L’aménagement d’étangs ne doit plus se contenter de répondre à une aspiration décorative mais doit aussi proposer une fonction plus concrète et servir de réservoir de stockage de l’eau ».

Station météo Maya et green test pour la fédération.

Le zéro-phyto
L’interdiction de la pulvérisation de produits phytosanitaires a clairement chamboulé les stratégies d’entretien au sein des clubs sportifs.

L’une des conséquences les plus immédiates est qu’il est plus difficile de contrôler les maladies. Il faut davantage travailler de façon préventive. Cette interdiction est finalement l’occasion de revoir notre approche. Le greenkeeper se doit d’être plus attentif à son gazon. Car si, auparavant, on traitait le gazon malade, il nous faut aujourd’hui créer les meilleures conditions possibles pour éviter que le gazon tombe malade. Et cela passe par le choix de variétés de graminées plus résistantes. « Cela nécessite toute une adaptation », explique Marc Thiebaut. « Imaginons que pour une maladie grave donnée, on supprime l’accès aux médicaments habituels qui ont prouvé leur efficacité. Il faut alors trouver une alternative, ce qui suppose une multitude d’essais, à grande échelle. Des essais sont réalisés sur différents parcours avec le concours de l’AFGolf. »

Sur le golf de Naxhelet, des tondeuses robotisées ont été installées sur le practice et sur le parcours d‘apprentissage, ainsi que sur les trous 10 et 18 du grand parcours.

L’aide technique est la bienvenue
Marc Thiebaut a également vu émerger de belles évolutions positives. Telle la robotisation. « En termes de coût et d’efficacité, l’utilisation de tondeuses robotisées est assurément une plus-value indéniable. Entendons-nous bien, un robot ne remplace pas l’humain, mais il représente une aide appréciable. C’est une opportunité de transfert d’énergie et de compétences, avec à la clé un travail de tonte plus fin sur de grandes sur-faces. Cela permet de gérer le temps d’une autre façon. Par exemple, on peut réensemencer les greens à la main grâce au temps gagné dans la tonte. Le robot complète l’être humain. » précise-t-il. Et d’ajouter : « Sur le golf de Naxhelet, dont je m’occupe, nous avons installé notamment des tondeuses robotisées Belrobotics sur le practice et sur le parcours d‘apprentissage, ainsi que sur les trous 10 et 18 du grand parcours. Un gros gain de temps au final. »