Evolution des exigences d’entretien intervenues entre 1970 et 2020; soit, sur seulement 50 ans.

POURQUOI CELA S’EST-IL PRODUIT?

D’une part, la retransmission des grands tournois à la télévision et d’autre part la montée en flèche des séjours à l’étranger ont changés la manière de percevoir les terrains. Manière tout à fait faussée par un environnement particulier. Alors que chez nous, on se trouve en hiver sous un climat défavorable, le touriste qui joue un terrain bénéficiant de températures estivales a une vision tout à fait décalée. De même un terrain préparé pour un grand tournoi par une équipe bien plus que renforcée, n’a rien à voir avec des terrains « de tous les jours ».

En fin d’exposé vous pouvez voir un tableau « résumé ».

Vers 1970, en saison, les greens étaient tondus 3 X par semaine à minimum 6 millimètres. Assez rapidement, sur seulement quelques années, avec les compétitions sponsorisées du weekend, on a considéré indispensable de tondre les jours de compétition. Puis, les besoins financiers ont amené à avoir des compétions aussi bien le samedi que le dimanche. En parallèle, il fallut des greens de plus en plus roulants. A cette époque, cela entrainait simplement une tonte plus basse. Et nous voilà maintenant à une tonte journalière frisant les 3 millimètres. Résultat de 3 tontes à 6 mm on se retrouve à 7 tontes à 4 mm. Soit de 12 à 28 heures. Et cela uniquement en se basant sur un travail exécuté au moyen de triplex.

Les tours et tabliers de greens faisaient partie de la tonte générale ; actuellement ils sont entretenus de 2 à 3 fois par semaine à 8 mm ; d’où un besoin qui évolue de zéro à environ 7h1/2 par semaine.

Les départs, se tondaient 2 fois par semaine à 17 millimètres, donc 12 heures par semaine, contre maintenant 3 fois à 12 millimètres, soit 18 heures.

Pour les fairways on disposait d’éléments trainés travaillant en général sur une largeur de 4,5 mètres, en uniquement en tontes parallèles ; il n’était pas question de tondre en diagonale ! Et ce à plus de 25 millimètres de une à deux fois par semaine, ce qui représentait en moyenne 18 heures. Les tondeuses utilisées actuellement sont bien plus étroites et bien que plus performant sont sur le terrain 3 fois par semaine à 14 mm pendant 12 heures, donc 36 heures.

La notion de semi-rough n’existait pas. Ils sont maintenant généralisés et demandent 5 heures 2 fois par semaine à 28 mm: 10 heures !

Les roughs, étaient en général assez pénalisants. Mais pour permettre un temps de jeu plus réduit et accepter plus de joueurs, tout en leur donnant l’impression de mieux jouer, on décida de les entretenir plus ras. Et d’1 à 3 fauches par an, on se retrouve à une tonte toutes les deux semaines à 55 mm pendant près de 55 heures ; donc 27h1/2.

Tout ceci ne comptabilise pas la progression des heures de décompactions, aérations, verticuts, sablages, arrosages, etc… que cela entraine.

En additionnant tout cela on se rend compte que d’environ 52 heures, on passe à plus de 122 heures ! Ne perdons pas de vue que cela exige non seulement plus d’heures de main d’œuvre, mais aussi plus d’heures de machines plus sophistiquées et demandant plus d’entretien, de carburant et d’investissement. La coexistence des ouvriers et des joueurs est également plus difficile et demande un programme bien pensé et du personnel bien drillé.

Je n’ai pas élaboré ce mémo pour mettre à mal votre motivation, mais seulement pour mettre en avant tout ce que cela implique comme professionnalisme et comme motivation. Chapeau messieurs !

Mais le vert détend; et si cela vous donne un coup de blues, faites le tour de votre terrain, imprégnez-vous de cet environnement exceptionnel, et appréciez votre cadre de vie.

A tous une longue et enrichissante carrière.

Philippe Honorez.